Bienvenue dans “1984”

16-02-2025

Les Européens traversent un moment de bascule historique, après que « l’allié » américain, qualificatif qu’il convient désormais de mettre entre guillemets, a décidé de s’allier à la Russie de Vladimir Poutine pour conclure un accord de « paix » en Ukraine.

Pour intimider l’Ukraine, Trump a été fidèle à sa méthode, traitant Zelensky de « dictateur sans élections » qui devrait se « bouger », en renonçant à l’intégralité des zones illégalement annexées par la Russie sans quoi « il n’aura plus de pays ». Le président américain insulte et se vautre dans la contre-vérité en porte-parole de la propagande russe.

L’agressé devient l’agresseur. Un résistant est qualifié de dictateur. L’allié d’hier est l’ennemi d’aujourd’hui. 1984.

Le temps est venu pour les dirigeants européens de sortir du somnambulisme. Aucune paix ne saurait être négociée en Ukraine, sans l’Ukraine. En Europe, sans l’Europe. Céder à toutes les demandes du tyran Poutine ne nous apportera ni la paix, ni la sécurité. Si nous ne l’arrêtons pas, il ne s’arrêtera pas à l’Ukraine. L’Europe doit montrer qu’elle est capable de défendre, seule, ses frontières et son modèle.

Le 24 février 2022, l’invasion totale de l’Ukraine nous avait conduit à abandonner, au pas de course, notre dépendance au gaz et au pétrole russe. Aujourd’hui, le renversement d’alliance des États-Unis, doit nous conduire à sortir de la dépendance militaire au « grand frère » américain. C’est possible. Validons un emprunt commun de 500 milliards d’euros pour la défense européenne, et réservons les marchés d’armement aux industries européennes. Saisissons, une bonne fois pour toutes, les 200 milliards d’avoirs russes gelés sur le territoire européen. Fournissons à l’Ukraine et à tous les pays européens voisins de la Russie, une garantie de sécurité alternative à l’OTAN.

L’offensive autoritaire et libertarienne offre paradoxalement une chance aux européens : celle de s’affirmer et de faire entendre leur voix propre, singulière. N’en déplaise au vice-président américain J.D Vance, venu nous insulter à la conférence de la sécurité à Munich, en affirmant que le problème de l’Europe, ça n’était ni la Chine ni la Russie, mais nous, nos lois contre la désinformation, nos réflexes démocratiques.

Nous ne nous laisserons pas intimidés. Heureusement, les masques tombent. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour constater l’hypocrisie de Donald Trump et d’Elon Musk qui prétendaient être les champions de la liberté d’expression. Cette semaine, ils ont :

  • Privée indéfiniment d’accès à la Maison Blanche la plus grande agence de presse du monde, Associated Press, équivalent de l’AFP aux États-Unis, parce que ses journalistes refusaient,
  • Banni les mots « femme », « inclusion » ou « climat » des articles de recherche scientifique,
  • Retiré des livres des bibliothèques d’une partie des écoles gérées par le gouvernement dans le cadre de leur chasse au “progressisme”.

 

Cette purge aux relents fascistes a fait naître un certain malaise chez ceux qui au Rassemblement National, comme Jordan Bardella, voulaient remettre le prix de la liberté d’expression à Elon Musk au Parlement européen, il y a quelques semaines encore.

Ce retour de flamme de la politique trumpiste est aussi à regarder de près chez nos amis canadiens. Les foudres du président américain, qui voulait faire du Canada le 51ème Etat des Etats-Unis, ont provoqué un sursaut de fierté nationale, tant économique que politique. Les citoyens se ruent sur les produits locaux et boycottent les produits américains.

Nous, Européens, sommes désormais bel et bien seuls à pouvoir assurer notre sécurité et protéger nos démocraties. C’est un défi qui doit nous rassembler face à l’alliance des oligarchies autocratiques, russes et américaines.

Trump utilise la plateforme X-Twitter d’Elon Musk pour déstabiliser les élections en Europe ? Nous devons appliquer nos lois et sanctionner X, jusqu’à retirer à cette plateforme l’accès au marché européen.

Trump sanctionne la Cour Pénale Internationale et ses juges, parce qu’ils appliquent le droit ? Nous devons protéger la Cour et lui réaffirmer notre soutien inconditionnel.

Trump voudrait, comme au jeu du Monopoly, expulser les palestiniens de Gaza et y construire une Riviera ? Nous devons reconnaître l’état palestinien et convoquer des négociations de paix.

Bref, nous devons défendre nos valeurs et notre vision du monde. Celle où le droit et la négociation priment sur la force, celle où la justice protège et répare. Nous sommes 450 millions d’Européens, nous formons la plus grande zone économique de la planète et avons sans aucun doute le meilleur cadre de vie du monde. Ne cédons rien et il est évident que, unis, nous tracerons notre propre chemin.

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