Les lignes budgétaires qu’un Parlement adopte, les colonnes de dépenses qu’un gouvernement valide, tout cela raconte, mieux que n’importe quel discours, la hiérarchie des priorités d’un pouvoir en place.
Or, depuis quelques jours, trois exemples illustrent une même brutalité : à Paris, à Bruxelles ou à Washington, les budgets de la France, de l’Europe et des États-Unis se construisent sur le dos des travailleurs et contre les acquis sociaux.
En France, le budget présenté par François Bayrou prétend être un « effort national ». Suppression de jours fériés, remise en cause de la 5ème semaine de congés payés, gel des pensions et allocations… Effort, oui, mais toujours pour les mêmes, ceux qui travaillent, alors que les salaires stagnent et que les conditions de travail se durcissent. Pendant ce temps, les grandes entreprises et les milliardaires sont, eux, épargnés de toute contribution supplémentaire, alors que les dividendes et leur richesse battent record sur record. Où est la justice là-dedans ?
La vérité, c’est que les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron ont creusé le déficit en supprimant des impôts pour les plus riches (Impôt sur la fortune, Flax tax, taxe d’habitation…) et demandent aujourd’hui aux Français les plus modestes de payer la facture. C’est inacceptable et nous ferons une contre-proposition de budget très bientôt.
En Europe, rien de plus reluisant. La Commission européenne d’Ursula von der Leyen a présenté la semaine dernière une ébauche de ce que sera le budget européen pour la décennie qui vient avec un seul mot d’ordre : la compétitivité. Sous couvert de simplification, elle veut fusionner des instruments européens historiques sous la bannière d’un chèque global versé aux États. Derrière cette technocratie, l’attaque est simple : priver les régions, les collectivités et le Parlement européen – c’est‑à‑dire nous, citoyennes et citoyens – de tout droit de regard et pouvoir moduler les enveloppes budgétaires. Par exemple, les fonds de la politique agricole commune, déjà insuffisants pour accompagner la transition agro‑écologique, seraient ainsi absorbés dans une enveloppe fourre‑tout mêlant cohésion, pêche, immigration et tourisme : résultat, ‑20 % de fonds pour l’agriculture européenne ! Le fonds LIFE, seul instrument financier dédié à l’environnement et au climat, est purement et simplement supprimé.
C’est l’austérité budgétaire déguisée. Une autre trajectoire est possible : un budget européen abondé par une taxation des multinationales du numérique, un impôt minimum européen sur les sociétés et un véritable mécanisme de dette commune. Nous le défendrons.
Aux Etats-Unis, enfin, la “grande et belle” loi budgétaire de Donald Trump reste un cas d’école de ce que fait l’extrême droite quand elle arrive au pouvoir : des réductions d’impôts massives pour les entreprises polluantes et le complexe militaro‑industriel, une baisse de la fiscalité sur les successions, et, pour équilibrer les comptes, un coup de hache dans les programmes sociaux. Conséquence : près de 12 millions d’Américains pourraient perdre leur assurance santé d’ici 2034 et 3 millions l’accès au principal dispositif d’aide alimentaire. Pendant ce temps, le top 0,1 % des plus riches engrangera des gains historiques.
Ceci est la preuve qu’un budget n’est jamais neutre : il est l’outil le plus puissant pour redistribuer les richesses ou pour les concentrer toujours plus entre les mains de quelques-uns. Cette mécanique n’est pas une fatalité, c’est un choix politique.
Je sais bien que ces questions budgétaires n’ont rien de très captivant, d’autant plus à la fin du mois de juillet quand chacun aspire plutôt aux terrasses ou aux siestes au bord de l’eau. Pourtant, elles sont centrales pour l’avenir de nos pays. Le débat reprendra de plus belle en septembre, notamment en France, pour savoir si nous aurons les moyens de financer la transition écologique, de protéger les services publics et de garantir une vie digne à chacune et chacun.
Un autre budget est possible. Les Français ne sont pas condamnés à la purge de François Bayrou !
— Chloé Ridel (@ChloeRidel) August 30, 2025
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