Israël - Palestine : tenir bon pour la justice et pour la paix

25-05-2025

Chloé Ridel à Ramallah en Palestine le 9 mai 2025

Je me suis rendue il y a peu en Israël et en Palestine, avec mes amies de l’association « Les Guerrières de la Paix ». Ce que j’y ai vu m’a profondément marquée.

Je suis allée à la frontière de la bande de Gaza, j’ai entendu les bombes de l’armée israélienne tomber, j’ai vu les destructions. Quelques jours plus tard, l’armée de Netanyahou entrait “avec toute sa force” pour envahir ce qu’il reste de ce territoire palestinien. Les photos et les vidéos des morts et de la famine qui s’y est installée me hantent et devraient tous nous hanter.

Je suis allée en Cisjordanie palestinienne, où la colonisation israélienne s’accélère. Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, met l’armée au service des colons. Les Palestiniens sont chassés de leurs terres : leurs maisons ne peuvent plus être construites, leurs puits sont bouchés, leurs champs brûlés, leurs écoles détruites.
À Hébron, l’une des plus grandes villes palestiniennes, autrefois animée de plus de 200 000 habitants, il ne reste aujourd’hui que le silence. C’est devenu une ville fantôme, symbole de la colonisation israélienne et de l’apartheid en Cisjordanie. L’armée israélienne, sous prétexte de sécuriser un site religieux — le Tombeau des Patriarches — a progressivement vidé la ville de ses habitants. Fermeture des commerces, destruction des maisons, intimidations quotidiennes : la violence a eu raison de la population, les Palestiniens sont partis.

Au milieu de cette violence, il existe des voix courageuses pour la justice et pour la paix en Israël comme en Palestine. Nous en avons rencontré de nombreuses à l’occasion du sommet pour la paix “It’s Time” organisé à Jerusalem par une coalition de plus de 60 ONG israéliennes et palestiniennes, qui œuvrent à une résolution politique du conflit. Ces militants israéliens et palestiniens nous ont adressé un message clair : reconnaissez l’État palestinien, sanctionnez le gouvernement israélien, imposez un embargo sur les armes à destination d’Israël. Les israéliens nous demandent de ne pas laisser Israël s’enfoncer dans une spirale de violence et de domination, car ils ont conscience que leur sécurité dépend de la solution à deux États – l’un israélien, l’autre palestinien – vivant côte à côte et en égale dignité. Je retiens cette phrase du fils de Vivian Silver, militante pour la paix israélienne, membre de l’association Women Wage Peace que j’ai nommé au Prix Sakharov du Parlement européen, tuée par le Hamas le 7 octobre : « Nous n’avons pas besoin de votre empathie, nous avons besoin de votre action ».

L’Europe doit jouer son rôle de médiateur, aux côtés des pays arabes et des États-Unis. Elle en a les moyens : elle représente 30 % des exportations israéliennes et dispose d’une coopération militaire non négligeable. Elle doit sanctionner les responsables du gouvernement israélien et suspendre l’accord d’association UE-Israël et non pas simplement le revoir, comme elle l’a annoncé cette semaine.

Jusqu’à présent, l’Europe s’est tue et n’a quasiment rien fait, malgré nos appels. Depuis le 9 juin 2024, le Parlement européen n’a adopté aucune résolution sur Gaza. Trop de personnes, à la droite de l’hémicycle, ont l’humanisme à géométrie variable. Alors aujourd’hui, ça n’est pas de vagues appels à respecter le droit international dont nous avons besoin. Mais d’action.

Si nous n’agissons pas maintenant, ce sont des enfants qui meurent, mais c’est aussi la solution à deux États qui meurt, quand nous laissons Israël dérouler ses plans messianiques pour annexer la Cisjordanie et occuper Gaza. L’Europe ne peut plus rester spectatrice, donc complice. Le mur du silence est en train de craquer.

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