Le vent a tourné. À force d’injustices et de débats, un consensus est en train de se dessiner en France : les ultra-riches doivent participer à l’effort national. Les Français qui ont massivement rejoint les cortèges des manifestations du jeudi 18 septembre l’ont affirmé avec force.
Notre dernier sondage publié sur ce sujet est limpide : 86 % des Français approuvent un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Dans chaque famille politique, l’adhésion est là : chez les sympathisant-es de la gauche, mais aussi au centre, à droite, et jusque dans l’électorat du RN alors que Marine Le Pen et Jordan Bardella se sont toujours ouvertement placés du côté des grandes fortunes.
La demande populaire de justice fiscale a reçu cette semaine un soutien inattendu : Arthur Mensch, PDG de Mistral AI et figure de la French Tech. Qu’un entrepreneur à la tête d’une des plus importantes pépites technologiques françaises tienne ce langage n’est pas anecdotique : cela signifie que l’exigence d’équité n’est pas l’ennemi de l’innovation, qu’elle n’oppose pas la réussite au bien commun, et qu’elle peut, au contraire, rétablir une solidarité dont notre pays a besoin.
Même son de cloche chez l’un des principaux représentants du patronat, Michel Picon, qui a déclaré cette semaine lui aussi : « Je vais demander au Premier ministre – oui je sais que ce n’est pas à la mode dans la bouche d’un patron – de taxer les dividendes, de taxer davantage les revenus financiers, de taxer davantage les revenus fonciers ».
Quel chemin parcouru ! C’est une victoire culturelle : les Français expriment clairement qu’ils n’acceptent pas qu’on leur impose des efforts supplémentaires sans que les grands patrimoines ne contribuent pas, eux aussi et à la même hauteur, à l’intérêt général.
Alors, merci à celles et ceux qui ont tenu bon, et d’abord à Gabriel Zucman qui a défendu la justice fiscale avec ténacité contre vents et marées. Le résultat est là. J’entends bien qu’une bataille de chiffres doit s’ouvrir : modalités, failles, rendement, assiette… Très bien ! Ce débat doit avoir lieu pour aboutir à un dispositif robuste.
Reste l’essentiel : transformer l’adhésion populaire en actes. Une victoire culturelle n’est qu’un commencement. Il nous faut maintenant construire la majorité politique capable de la traduire en loi. Au travail.
Les 500 plus grandes fortunes de France représentent l’équivalent de 44% du PIB en 2024. C’était 20% en 2017 et 6% en 1996.
— Chloé Ridel (@ChloeRidel) January 15, 2025
Les riches n'ont jamais été aussi riches. La justice fiscale n’est plus une option pour notre pays. pic.twitter.com/a1srDLeh3i