Pour un fonds féministe européen

29-04-2025

Cette semaine, cela fera 100 jours que Donald Trump est arrivé au pouvoir. Quel bilan peut-on tirer de la stratégie de la brutalité et de l’outrance qui s’est installée à la Maison blanche ?

La cote de popularité de Donald Trump est en chute libre, le tourisme aux États-Unis s’effondre, les entreprises et consommateurs américains souffrent face aux droits de douanes. Elon Musk se retire peu à peu de la scène politique, confronté à une baisse drastique des ventes de son entreprise Tesla. Face à la censure, des chercheurs américains quittent leur pays. La confiance des “alliés” de l’Oncle Sam est brisée, même parmi les plus atlantistes comme l’Allemagne ou la Pologne. Elle mettra de longues années à se reconstruire.

De leur côté, les démocrates américains sortent enfin de leur état de sidération. Des foules immenses se pressent aux meetings de Bernie Sanders et AOC. Les deux élus ont entamé une grande tournée pour « combattre l’oligarchie » américaine et faire émerger un mouvement populaire dans le pays.

L’Europe, malgré elle, est devenue aux yeux du monde le dernier refuge de l’État de droit. Dans un récent sondage, 44 % des Canadiens se disaient favorables à rejoindre l’Union européenne (un projet quasi impossible à réaliser pour des raisons géographiques évidentes).

Pendant près d’un siècle, les États-Unis ont dominé l’économie et la géopolitique à l’échelle planétaire. Ce temps est révolu : s’il y avait encore un doute sur la reconfiguration en cours, les dernières semaines nous ont prouvé à marche forcée que le reste des pays de la planète pouvaient (et devaient) faire sans les Américains.

Tout ceci n’est que le début. Si l’ordre du monde établi à la sortie de la Seconde Guerre mondiale s’effondre, alors il faut en construire un nouveau pour éviter que la loi du plus fort ne s’impose.

L’Europe doit enfin s’émanciper de la tutelle américaine et défendre son propre modèle. Elle doit se tourner vers le Canada, l’Inde, le Mexique, l’Afrique… Elle doit aussi incarner un pôle de résistance aux vents mauvais déclenchés par Trump et Poutine.

Parmi ceux-là, il y a le recul des droits fondamentaux et en particulier des droits des femmes. En se retirant de l’aide mondiale au développement, les États-Unis ont, par exemple, coupé l’accès à la contraception pour près de 50 millions de femmes sur la planète. En Afrique du Sud, la suspension de ces financements pourrait entraîner 500 000 décès supplémentaires sur les 10 prochaines années, en majorité des femmes.

Par ailleurs, des mouvements conservateurs et masculinistes tentent d’imposer leur vision du monde. Ils sont très bien organisés et financés. Ils ont participé à l’élection de Donald Trump aux États-Unis et soutiennent Viktor Orban en Europe. Entre 2019 et 2023, c’est plus d’un milliard d’euros qui leur a été versé, rien que sur notre continent (c’est 5 fois plus qu’il y a 10 ans).

En face, que faisons-nous pour soutenir les organisations progressistes qui luttent, elles, pour l’émancipation des femmes et des filles ? Peu de choses : moins de 1 % du financement mondial pour le développement parvient aux organisations de femmes sur le terrain, alors que ce sont elles qui font la différence.

C’est pour ça que j’ai réuni au Parlement européen 30 organisations de la société civile, des membres des institutions et des gouvernements, pour appeler à la création d’un fonds européen de soutien aux organisations féministes dans le futur budget européen. Voici une proposition concrète pour enrayer la montée des extrêmes droites sur la planète : que les femmes du monde aient les moyens de s’éduquer et de participer aux affaires publiques.

La recherche internationale l’a prouvé, les sociétés les plus avancées en matière d’égalité de genre sont aussi les plus stables, les plus prospères et les plus démocratiques. Selon le Forum économique mondial, les pays qui suivent une “stratégie solide en matière d’égalité des sexes“ obtiennent de meilleurs résultats économiques. Dans les pays en conflit, lorsque les femmes sont en mesure d’exercer une influence sur les négociations, la paix est à la fois plus rapide à obtenir et plus durable.

Dans un monde où la menace de la guerre ressurgit, nous devons prendre conscience que notre sécurité ne dépendra pas uniquement de la dissuasion militaire, mais aussi de l’émancipation des femmes et des filles. L’égalité n’est pas seulement une question de justice, c’est aussi une politique de sécurité. Je porterai cette idée jusqu’au bout.

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