L’extrême droite, “on n’a jamais essayé”? La Hongrie, si.

30-06-2025

Chloé Ridel au Parlement européen

En France, on entend souvent dire « l’extrême-droite, on n’a jamais essayé ». Alors, je recommande à mes concitoyens qui sont de cet avis de regarder ce qu’il se passe en Hongrie, pays passé de la démocratie à l’autoritarisme en quelques années sous la direction de Viktor Orban, meilleur allié européen de Marine Le Pen et Jordan Bardella. J’y étais en mission il y a quelques jours.

La Hongrie est d’abord le pays le plus corrompu d’Europe. Des milliards de fonds européens, nos impôts, sont détournés au profit de projets inutiles ou au bénéfice d’une poignée d’élites et des amis personnels de Viktor Orban. Son ami d’enfance Lorinc Meszaros, chauffagiste de métier, est désormais milliardaire et l’homme le plus riche du pays.

La semaine dernière, j’ai pu visiter près de Budapest un château rénové avec 5 millions d’euros de fonds publics européens, puis offert par le gouvernement hongrois à une entreprise, MOL, dirigée par un proche de Viktor Orban.

En Hongrie, la liberté de la presse a disparu. La propriété de la quasi-totalité des médias est concentrée dans une fondation présidée par le meilleur ami d’Orban que je viens d’évoquer. Les journalistes indépendants et d’investigation sont surveillés, menacés, diffamés dans les médias pro-gouvernementaux.

Les chercheurs sont censurés et pourchassés. L’université d’Europe centrale a dû déménager de la Hongrie à l’Autriche pour pouvoir continuer de travailler librement.

Qu’en est-il des travailleurs ? L’extrême droite serait-elle au service des plus modestes en Hongrie ? Certainement pas, elle permet plutôt qu’une minorité s’enrichisse sur le dos de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. Rien qu’un exemple. En 2019, Orban a donné la possibilité aux employeurs d’exiger de leurs salariés, déjà soumis à un rythme de quarante heures de travail par semaine, qu’ils puissent travailler jusqu’à 400 heures supplémentaires par an.

La Hongrie est complice de la Russie de Vladimir Poutine, quand elle s’oppose aux sanctions contre les oligarques russes, qu’elle continue d’importer du pétrole russe malgré l’embargo européen, ou quand elle s’attaque aux personnes homosexuelles, qui sont continuellement discriminées et pointées du doigt pour ce qu’elles sont, qui n’ont plus le droit au mariage et qui sont même désormais interdites de manifestation et de réunion.

Le gouvernement hongrois a interdit la Marche des fiertés de Budapest, mais le Maire de la ville, Gergely Karacsony, l’a lui autorisée et nous y a invité. Tous les contre-pouvoirs ne sont pas encore tombés en Hongrie et notre devoir d’Européens est de les soutenir. Nous étions 200 000 manifestants et près d’une centaine d’élus venus de toute l’Europe pour défier Viktor Orban. Une véritable démonstration de force, la plus grande Pride de l’histoire de Budapest et une claque pour le Premier ministre hongrois.

Nous n’accepterons jamais que sur le sol européen, des gens soient interdits de manifester en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Nous ne laisserons pas l’autoritarisme détruire l’Europe de l’intérieur.

Alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir en France, voici concrètement le danger que représente l’internationale réactionnaire pour les Français et les Européens. Nous ferons tout pour les en préserver.

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